Le tribunal de commerce de Rouen n'a retenu aucune des deux offres de reprise de la raffinerie de Petit-Couronne. Après avoir examiné les dossiers de Net Oil et de Murzuk Oil, il a estimé que les garanties n'étaient pas suffisantes.
Les salariés apprennent la mauvaise nouvelle © Eric Turpin - Radio France
Le tribunal de commerce de Rouen ne s'est finalement pas accordé quelques jours de réflexion avant de trancher. Après avoir examiné les deux offres de reprises ce mardi matin, entendu Dominique Paret, le représentant de Net Oil en France et Mabrouk Getti, le PDG de Murzuk Oil, il a pris sa décision dans la foulée.
C'est Jean Marie Valentin, l'avocat de l'intersyndicale de Pétroplus, qui a annoncé la mauvaise nouvelle aux 200 salariés rassemblés devant le tribunal : "Malheureusement, les repreneurs, n'ont pas été en mesure de lever l'ensemble des ambiguités et des doutes qui subsistaient dans leurs offres".
Quelques minutes plus tôt, Dominique Paret, le représentant de Net Oil en France, était ressorti du tribunal sans un mot. Mabrouk Getti, le PDG de Murzuk Oil avait confié, peu de temps avant, qu'il avait le sentiment qu'on ne l'avait pas pris au sérieux.
Mabrouk Getti, le PDG de Murzuk Oil © Eric Turpin - Radio France
Les salariés s'attendaient à une telle décision. Mais c'est tout de même un coup de massue. Certains expriment leur colère comme Denis, 35 ans de maison : "On nous transforme en ISF, individus sans futur". D'autres comme François mettent en cause le gouvernement : "On a élu un président de gauche et on a un gouvernement de droite. Ca ne peut pas marcher".
Marie Jo, une ancienne salariée, a le visage déconfi. Dans sa famille, on travaille depuis plusieurs générations à la raffinerie de Petit Couronne : "C'est évidemment l'abattement mais je pense qu'une reprise peut encore avoir lieu."
Marie Jo © Eric Turpin - Radio France
Les salariés ont crié à plusieurs reprises : "Nationalisation" après l'annonce de la décision du tribunal de commerce de Rouen. L'intersyndicale a appelé à nationaliser les raffineries en France.
"Cette décision est un crève-coeur", a déclaré pour sa part Guillaume Bachelay, député PS de Seine Maritime, qui a succédé à Laurent Fabius devenu ministre des Affaires étrangères. La raffinerie de Petit Couronne est sur sa circonscription.
Cette décision entraine la fin de l'activité de la raffinerie et le déclenchement de la procédure de licenciement collectif. Les lettres partiront dans les prochains jour. Un comité d'entreprise se tiendra le jeudi 18 avril pour rendre son avis sur le plan de sauvegarde de l'emploi.
"La lutte continue" a conclu Jean Luc Brouté, porte parole de l'intersyndicale, avant d'appeler tous les salariés de l'industrie pétrolière à se mobiliser : "on a encore un levier si on est suivi !"
L'intersyndicale a donné rendez vous aux salariés vendredi 19 avril à 12h45 devant la raffinerie pour une assemblée générale.
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